Le combat libre sportif
Le
combat libre sportif du Yi Quan est un compromis entre le combat martial
et la self défense.
Il regroupe les techniques d'attaques et de défenses debout et au sol
(pieds, poings, projections, balayages, clés, étranglements).
Les techniques interdites en combat sportif sont celles qui
risquent de provoquer des accidents graves : clé de cou, torsion des
articulations ,attaque dans le dos,
attaque aux parties génitales, frappe sur les articulations.

Le combat libre permet dans ces conditions l'amélioration des
capacités physiques et mentales des combattants :
souplesse, vitesse, endurance, volonté, courage.
En
France, lors des premières compétitions de yi quan en 1993, les
combattants
portaient des gants et des casques. Avec l'évolution des techniques de
projection et d'immobilisation, ces protections ont été supprimées,
et les coups de poings au visage interdits. Cela a permis d'appliquer
les techniques de soumission
(clés et étranglements), en évitant la violence excessive au visage.
On
rejoint ainsi
un concept chinois important : la continuité dans le combat.
L'expression
libre des combattants dans le respect des règles leur permet de
découvrir leurs propres limites en gardant leur intégrité physique
et mentale.
Le
combat libre et l'art martial
La
différence entre le combat sportif et le combat martial se situe au
niveau même de la conception de l'art.
L'art se déploie dans la durée, le changement de niveau se fait
avec l'âge. les arts chinois tendent vers une recherche de longévité
et de santé.
La pensée chinoise classique suppose une évolution vers la
simplicité, le minimum d'effort. On recherche le Wu Wei (non agir)
pour retrouver l'essence des
choses et des êtres :
"de
manière générale, dans le caractère de l'homme, c'est l'équilibre
et l'harmonie qui sont les plus prisés. Or, pour qu'un caractère soit
équilibré
et harmonieux, il faut nécessairement qu'il soit plat, fade et sans
saveur :
un tel caractère peut ainsi cultiver les cinq capacités et s'adapter
avec souplesse à toutes occasions" traité des capacités humaines Liu
Shao
Les techniques sportives spectaculaires n'ont plus lieu
d'être dans l'art martial. La recherche d'efficacité des arts chinois va vers le
"non visible" et la facilité.
La pratique du combat libre sportif est une étape de jeunesse. La
connaissance de la culture chinoise permet de se situer et d'évoluer pour
les autres âges de la vie.
La
self defense La
pratique de la self défense est incluse dans l'art martial. Les techniques
les plus efficaces sont celles interdites en combat sportif ( torsion des
articulations, frappe à la gorge, aux parties génitales )
La self défense, sortie du contexte de la recherche de l'art, est une
pratique guerrière et souvent militaire.
Les techniques de la self défense ne permettent pas l'expression libre de
l'individu. Elles sous-entendent un contrôle absolu de soi et le respect
du partenaire. Le
Yi Quan et le combat Le
mode d'entraînement du Yi Quan est purement
taoïste.
La recherche du mouvement perpétuel dans l'immobilité permet de
sentir profondément le principe du Wu Wei (agir sans agir) de la
pensée chinoise classique et le concept du Qi
(souffle
vital) qui est la source du Tao (la voie).
En créant notre propre "petit univers" intérieur avec le Zhan
Zhuang (postures),
on essaie continuellement de s'adapter au changement de l'intérieur vers l'extérieur.
Le combat du Yi Quan est une forme extrême d'adaptation au
milieu extérieur. L'adversaire rentre dans l'espace, on réagit spontanément, un
peu comme dans la légende chinoise du serpent du mont Chang : "Quand
on l'attaque à la tête, c'est la queue qui se dresse. Quand on l'attaque
à la queue, c'est la tête qui se dresse. Quand on l'attaque au centre,
les deux extrémités se dressent à la fois." Dans
ce contexte, les techniques utilisées en Yi Quan sont d'une grande
simplicité : mains vers le haut du corps, pieds vers le bas du corps. Le plus important
est la réaction juste par rapport à l'action de l'adversaire.
Le combat du Yi Quan est un combat d'espace, de vide et de plein (yin et
yang) que l'on doit sentir pour retrouver notre espace de
sécurité.
L'entraînement au Tui
Shou amène la sensibilité du contact qui permet de créer l'anticipation
pour le combat à distance courte. Aujourd'hui,
les jeunes adeptes du Yi Quan en France et en Chine font de la compétition
( sanda en Chine). L'adaptation du Yi Quan à tous les types de combat
permet, suivant son âge et sa condition physique, de choisir sa voie
(
martiale, sportive). Le
Yi Quan est l'essence de l'art martial chinois (kung
fu wu shu)
La compréhension de la pratique demande une ouverture d'esprit vers un
mode de pensée qui nous est encore inconnu : "Considère
la non action
Comme le code de conduite.
Considère le non conflit
Comme l'art de l'action.
Considère la non saveur
Comme la méthode du goût."
Lao Tseu
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